Les représentants des organisations de la Résistance, des syndicats et des partis ou tendances politiques groupés au sein du C.N.R., le 15 mars 1944, ont décidé de s’unir sur le programme suivant :

Assurer :

-L’établissement de la démocratie la plus large en rendant la parole au peuple français par le rétablissement du suffrage universel.
-La pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression.
-La liberté de la presse.
-La liberté d’association, de réunion et de manifestation.
-Le respect de la personne humaine.
-L’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi.

Promouvoir les réformes indispensables

a) Sur le plan économique :

-Instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, avec une organisation au service de l’intérêt général.
-Retour à la nation des grands moyens de production, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques.
-Droit d’accès, dans le cadre de l’entreprise, aux fonctions de direction et d’administration, pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs à la direction de l’économie.

b) Sur le plan social :

-Droit au travail et droit au repos.
-Rajustement important des salaires et garantie d’un niveau de salaire qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine.
-Plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État.
-Sécurité de l’emploi, réglementation des conditions d’embauche et de licenciement, rétablissement des délégués d’atelier.
-Retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours.
-La possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à tous ceux qui auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les apports populaires.

En avant donc, dans l’union de tous les Français rassemblés autour du Comité Français de Libération National et de son président le général de Gaulle !
En avant pour le combat, en avant pour la victoire  afin que

VIVE LA FRANCE !

LE CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE »

Titre : Programme du Conseil national de la Résistance (extraits) de mars 1944

Source : brochure Les jours heureux 

 

Présentation

Le Conseil national de la Résistance adopte dans la clandestinité ce « programme d’action de la Résistance » le 15 mars 1944. Libération le publie en mai 1944 et l’édite en une brochure intitulée Les Jours heureux. Les extraits présentés ici figurent essentiellement dans la seconde partie du programme : les « mesures à appliquer dès la libération du territoire ».

Contextualisation

La création du CNR en 1943 concrétise l’unification de la Résistance voulue par le général de Gaulle et mise en oeuvre par Jean Moulin. Le programme du CNR traduit la volonté unanime de mener à bien, à la Libération, un ensemble de réformes politiques, économiques et sociales : toutes les tendances politiques – à l’exception de l’extrême droite – et les syndicats y sont associés.

Analyse

S’il doit beaucoup aux courants les plus à gauche de la Résistance, le programme du CNR est d’abord le fruit de compromis qui ont permis de préserver l’unité nécessaire de la Résistance pour la Libération. L’instauration d’une sécurité sociale, les nationalisations, la planification sont des idées qui, bien avant 1944, influencent les débats politiques de l’ensemble des nations du monde libre. C’est leur rassemblement en un même texte, faisant l’unanimité, recevant un réel soutien populaire et dont les principes sont adoptés par le général de Gaulle, ainsi que la volonté d’appliquer le programme rapidement qui ont constitué la force des réformateurs lors de la Libération. Ainsi ce texte a influencé durablement les structures économiques et sociales de la nation.

Son influence est toutefois à nuancer. La première réforme du gouvernement provisoire en 1944 : l’extension du suffrage universel aux femmes, ne figure pas dans le programme du CNR. Le général de Gaulle ne s’y réfère jamais directement. Et, dès 1946, son application n’est plus jugée prioritaire.

Ressources complémentaires :

 

Bibliographie

Claire Andrieu, « Les réformes économiques et sociales du lendemain de guerre », in Jean-François Muracciole et Guillaume Piketty (dir.), Encyclopédie de la Seconde Guerre mondiale, Paris, Laffont, coll. Bouquins, 2015.

Sitographie

La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 73, juin 2013, Dossier thématique : le Conseil national de la Résistance.
http://www.fondationresistance.org/documents/lettre/LettreResistance073.pdf

Enseigner la Résistance, Sous la direction de Laurent Douzou et Tristan Lecoq, Réseau Canopé, 2016
http://www.reseau-canope.fr/enseigner-la-resistance/#/

Le Conseil national de la Résistance, Repères pour éduquer, Cidem :
http://lesjoursheureux.net/wp-content/uploads/2013/10/Livret-CIDEM.pdf

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