…à la réalité du feu
Le lieutenant de Gaulle reçoit le baptême du feu à Dinant (Belgique), le 15 août 1914
Source : Fondation Charles de Gaulle © Collection particulière – Droits réservés Téléchargement
Présentation
L’œuvre est anonyme et provient des archives de Belgique. Source d’information, l’image peut corroborer les textes. On s’interroge néanmoins sur la part de réalité de cette retranscription de l’Histoire, ainsi que sur les buts recherchés par les auteurs ou commanditaires de l’illustration.
Contextualisation
Conformément au Plan Schlieffen, les Allemands violent la neutralité de la Belgique afin d’envahir ensuite la France par le nord. Le 33e régiment d’infanterie entre donc dans les Ardennes belges le 13 août 1914. Sa mission est de s’opposer aux tentatives de l’ennemi de franchir la Meuse entre Dinant et Givet pour enrayer l’invasion menaçant la France.
Analyse
L’illustration est conforme à la configuration du site de Dinant : le pont de l’autre côté duquel étaient les Allemands, la collégiale Notre-Dame reconnaissable à son clocher boursouflé, la citadelle sur les hauteurs et aux abords de laquelle les Allemands étaient aussi implantés.
Elle restitue aussi certainement avec réalisme ce qui se produit le 15 août 1914. En avançant vers l’ennemi, de Gaulle et ses hommes tombent sous le roulement des mitrailleuses.
L’offensive à outrance, avec des charges de soldats baïonnette au canon, constitue le modèle d’attaque prôné au début de la guerre par l’état-major français et le général Joffre en tête. Rares sont ceux, comme le général Lanrezac, qui s’y opposent (« Attaquons… comme la lune ! »).
Héritée des campagnes napoléoniennes, cette conception offensive est réduite à l’échec face à la puissance, traduite par les ostensibles nuages de fumée, de l’artillerie allemande.
L’uniforme français est à ce moment inadapté : le pantalon rouge garance constitue une cible aisée à atteindre ; quant au képi de toile inefficace contre les balles allemandes, il ne sera remplacé qu’un an plus tard par un casque en fer.
Le vécu du lieutenant de Gaulle à Dinant (« […] je reçois au genou comme un coup de fouet qui me fait manquer le pied […] Je tombe […] c’est une grêle épouvantable de balles autour de moi […] Je les entends […] entrer dans les cadavres et les blessés ») est donc à l’image de celui de toute une génération : le flot de fantassins lancés au pas de course est impuissant face au feu ennemi.
Ressources complémentaires :
Bibliographie
Charles de Gaulle, Lettres, notes et carnets, tome 1 1905-1918, Paris, Plon, 1980.
Jean Yves Le Naour, 1914, la grande illusion, Paris, Perrin, 2012.
Filmographie
Charles avant de Gaulle, Jacques Dubuisson, Paris, Les Films d’Ici, 2014.
Sitographie
https://www.genedinant.be/site/histoire-du-pont-de-dinant-2eme-partie-de-1866-a-nos-jours
Pour avoir un aperçu de l’évolution des uniformes français pendant la Grande Guerre : http://www.lesfrancaisaverdun-1916.fr/uniforme1024.htm