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La Croix de Lorraine de Colombey

Présentation

Les lieux gaulliens dĂ©signent gĂ©nĂ©ralement l’ensemble du patrimoine, en l’occurrence des monuments, ayant de prĂšs ou de loin une rĂ©sonnance avec l’histoire du GĂ©nĂ©ral de Gaulle lors des diffĂ©rents moments de sa vie. On peut en distinguer 5 majeurs : l’hĂŽtel particulier de la rue de SolfĂ©rino, ancien siĂšge du RPF, parti politique crĂ©e par De Gaulle en 1947, sa Maison Natale Ă  Lille, le MĂ©morial de Colombey-les-Deux-Églises, l’Historial, situĂ© aux Invalides et l’espace commĂ©moratif de l’aĂ©roport Roissy-Charles de Gaulle. Le mĂ©morial de Colombey, constituĂ© d’une gigantesque Croix de Lorraine, surplombe le cimetiĂšre oĂč est enterrĂ© le GĂ©nĂ©ral et est un parfait emblĂšme de la profondeur symbolique du patrimoine, notamment au prisme de la figure de De Gaulle.

Contextualisation

Charles de Gaulle avait fait le choix d’ĂȘtre inhumĂ© Ă  Colombey, auprĂšs de sa fille Anne, porteuse d’une trisomie 21 et dĂ©cĂ©dĂ©e en 1948 Ă  l’Ăąge de 20 ans. Il exprime sa volontĂ© d’une cĂ©rĂ©monie simple et n’accepte comme prĂ©sence officielle que l’armĂ©e, craignant une rĂ©cupĂ©ration politique de sa mort.

AprĂšs la mort de Charles de Gaulle, un comitĂ© est convoquĂ© par Georges Pompidou pour faire le choix d’un monument Ă  Ă©riger Ă  Colombey en sa mĂ©moire. Une grande souscription nationale est lancĂ©e pour le financer et recueille plusieurs millions de dons Ă  travers la France mais pas seulement, puisque des dons proviennent de 67 pays, ce qui permet de recueillir plus de cinq millions de francs. 

Plusieurs projets sont en compĂ©tition, 12 au total. C’est le projet proposĂ© par les architectes Marc Nebinger et Michel Mosser qui est finalement retenu : une gigantesque croix de Lorraine. On devrait ce choix Ă  une phrase confiĂ©e par de Gaulle Ă  un journaliste en 1954 : « Voyez cette colline. C’est la plus Ă©levĂ©e. On y Ă©difiera une Croix de Lorraine quand je serai mort ». D’aprĂšs AndrĂ© Malraux, le GĂ©nĂ©ral, sceptique, aurait ajoutĂ© : « Personne n’y viendra, sauf les lapins pour y faire de la rĂ©sistance
 ». En bĂ©ton revĂȘtu de granit rose, elle ne mesure pas moins de 43,50 mĂštres de haut pour un poids colossal de plus de 950 tonnes. Pas moins de 350 personnes travaillent Ă  sa rĂ©alisation afin que le monument soit terminĂ© Ă  temps pour son inauguration en 1972. La date prĂ©cise n’est pas choisie au hasard puisqu’il est inaugurĂ© par le prĂ©sident français Georges Pompidou le 18 juin 1972 soit 32 ans aprĂšs l’appel du gĂ©nĂ©ral de Gaulle. Le monument, contrairement au scepticisme de de Gaulle en 1954 n’attire pas que des lapins : le site comptabilise plus de 400 000 visiteurs la premiĂšre annĂ©e et, encore de nos jours, environ 100 000 visiteurs s’y rendent chaque annĂ©e. 

Analyse

Le choix de la Croix de Lorraine comme monument rĂ©pond Ă©videmment Ă  la volontĂ© de commĂ©morer le rĂŽle primordial du gĂ©nĂ©ral de Gaulle dans la Seconde Guerre mondiale. Le symbole de la croix de Lorraine est en effet choisi en juillet 1940 par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle, en concertation avec l’amiral Georges Thierry d’Argenlieu et le vice-amiral Émile Muselier pour symboliser la France Libre, basĂ©e Ă  Londres et tentant par tous les moyens de rĂ©sister face Ă  l’oppresseur nazi. Le vice-amiral Muselier propose la croix de Lorraine d’oĂč son pĂšre est originaire. La croix de Lorraine orne par ailleurs l’insigne du 507Ăšme rĂ©giment de chars de combat, commandĂ© par le colonel de Gaulle de 1937 Ă  1939. Au-delĂ  du symbole gaullien, ce monument a aussi pour rĂŽle de fĂ©dĂ©rer la nation autour de son histoire. Fils d’un professeur d’histoire qui le guide dans les siĂšcles et dans la gĂ©ographie, Charles de Gaulle est un enfant « amoureux de cartes et d’estampes », dĂ©veloppant ainsi une « certaine idĂ©e de la France », d’aprĂšs les mots employĂ©s par celui-ci dans le premier tome de ses MĂ©moires de guerre.

Le GĂ©nĂ©ral de Gaulle est un patriote fermement attachĂ© Ă  son pays, Ă  ses origines et mettant d’ailleurs au cƓur de sa politique le rayonnement de la France, l’indĂ©pendance et la souverainetĂ© nationale qui passent particuliĂšrement par le patrimoine en tant qu’emblĂšmes, symboles d’idĂ©es, d’époques ou de personnages. Le patrimoine est donc un Ă©lĂ©ment qui est transmis Ă  des publics variĂ©s et qui crĂ©e des ponts entre les gĂ©nĂ©rations. Ici, il s’agit de rendre toujours vifs la pensĂ©e et l’engagement gaulliens pour des hommes qui n’en sont plus forcĂ©ment les contemporains.