Le discours de Bayeux

Présentation

Ce discours, diffusé aux Actualités françaises, est prononcé par de Gaulle qui, à l’invitation du docteur Jeanne, maire de Bayeux, y célèbre l’anniversaire de son retour en France en juin 1944. Le général de Gaulle, qui n’exerce plus de fonction officielle depuis sa démission du Gouvernement Provisoire de la République française en janvier 1946, y expose ses idées constitutionnelles.

Contextualisation

Au moment de ce discours, la France n’a toujours pas de Constitution, les Français ayant repoussé un premier projet combattu par de Gaulle (mai 1946). Ainsi, de Gaulle espère encore infléchir les discussions en vue de la rédaction du prochain texte constitutionnel qui est soumis à référendum en octobre 1946.

Analyse

Dans ce discours, contrairement à la logique parlementaire défendue par la majorité des partis politiques, de Gaulle insiste sur le pouvoir exécutif, composé du chef de l’Etat, qui est le garant de la Constitution et de l’indépendance nationale, et du Premier ministre qui dirige la politique gouvernementale au quotidien. A ses yeux, l’exécutif ne doit pas tirer sa légitimité du pouvoir législatif.

Pour de Gaulle, cette inversion de la logique constitutionnelle se justifie par le poids des circonstances : la reconstruction de la France et les défis qui se présentent à elle, exigent une plus grande efficacité des institutions. Surtout, de Gaulle considère les réalités de la France : à ses yeux, son peuple, passionné par les joutes politiques, apparaît divisé après les affres de l’Occupation. Il est donc indispensable que le peuple français puisse s’incarner en un homme symbole de l’unité de la Nation.

Se présentant volontiers comme le législateur Solon (début du VIe siècle av. JC) face aux citoyens athéniens, le général de Gaulle pense être cet homme. Pourtant, l’option qu’il propose, n’est pas retenue, le régime parlementaire s’installant finalement avec le référendum du 13 octobre 1946 qui adopte la Constitution de la IVe République.