Accueil > Allocution du général de Gaulle à l’Ecole militaire (3 novembre 1959)

 

Présentation

Cette allocution officielle n’a pas été filmée mais il en existe un enregistrement sonore partiel. On peut en retrouver le texte intégral dans le volume III de ses Discours et messages. Avec le renouveau (1958-1962).

Contextualisation

Elu premier président de la Ve République le 21 décembre 1958, entré en fonction le 8 janvier 1959, le général de Gaulle a mis en place une constitution qui fait du président à la fois la « clé de voûte des institutions » et le chef des armées (article 15). C’est pourquoi il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités (article 5). En visite à l’Ecole militaire, le 3 novembre 1959, à l’occasion notamment de la séance inaugurale de la 12ème session de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale, il prononce un discours dans lequel il expose les grandes lignes directrices de sa conception de la Défense nationale. Véritablement et pleinement au pouvoir, il peut mettre en œuvre sa pensée née de sa réflexion dans les années 1930 et son expérience dans les années 1940.

Analyse

Pour le général de Gaulle, la France est un Etat souverain. A ce titre, il est donc naturel que « la Défense de la France soit française » en temps de paix comme un temps de guerre. Il s’agit même là d’une compétence régalienne puisque « Le Gouvernement a pour raison d’être, à toute époque, la défense de l’indépendance et de l’intégrité du territoire. » Dès lors, il peut réaffirmer le primat du politique sur le militaire dans la chaîne de commandement et dans les institutions. Cela pose par ailleurs la question de la place de la France dans l’OTAN. Membre fondateur en 1949, elle participe alors à son commandement intégré. Cela signifie qu’elle est de facto sous l’autorité des Etats-Unis. Or, pour le général de Gaulle, cette « intégration » atlantique n’est plus possible : la décision n’est pas autonome « dans une hiérarchie qui [n’est] pas la nôtre. » Il réaffirme néanmoins, dans un contexte de guerre froide, que la France reste un allié des Etats-Unis puisque « Sur les champs de bataille, il est infiniment probable que nous nous trouverions côte à côte. » Si l’indépendance de la France ne doit plus être entravée, cela nécessite d’en avoir les moyens. Dans le troisième temps de cette allocution, le général de Gaulle argumente : « il faut [que] nous sachions nous pourvoir, au cours des prochaines années, d’une force capable d’agir pour notre compte, de ce qu’on est convenu d’appeler une force de frappe susceptible de se déployer à tout moment et n’importe où. » La dissuasion nucléaire est sans aucun doute la grande ambition de la Défense nationale française au tournant des années 1950 et 1960. L’indépendance du pays suppose un système de défense indépendant.

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