Contre le « régime des partis », de Gaulle fonde le RPF
Présentation
Le 7 avril 1947, au lendemain de la cérémonie commémorant la libération de l’Alsace, de Gaulle annonce la fondation de son mouvement politique. Son discours, retransmis par la radiodiffusion française, est une synthèse de la vision gaullienne de la France. Il fixe un cap politique ambitieux, que de nouvelles institutions doivent permettre d’atteindre.
Contextualisation
La Constitution de la IVe République établit un régime parlementaire. Elle est adoptée en octobre 1946 après deux référendums : le second projet a été adopté par seulement 9 millions d’électeurs sur 25. Alors que la démocratie est rétablie depuis peu et qu’il s’agit de redonner une république à la France, cette situation constitue, aux yeux du Général, un véritable désaveu. De Gaulle se place alors dans une opposition résolue au nouveau régime. Il fait d’abord connaître sa position par le discours tenu à Bayeux le 16 juin 1946, dans lequel il délivre également les grandes lignes de la constitution qu’il appelle de ses vœux, avant de fonder un mouvement chargé de les porter devant l’opinion.
Analyse
Dans ce texte représentatif du style gaullien, mêlant souffle épique et références concrètes à l’actualité, le Général expose les raisons qui l’amènent à fonder son propre mouvement : cela peut apparaître paradoxal, puisque chacun sait, depuis le discours de Bayeux, ce qu’il pense des partis et du régime des partis.
La politique étrangère est au cœur de l’argumentation. Ses enjeux sont soigneusement listés, que ce soit de manière directe (la guerre d’Indochine), ou plus allusive tant cela est évident à son auditoire (la menace communiste en Europe, à travers le « chemin semé d’abîmes », par exemple). Aux yeux du Général, cette situation exige un Etat fort, car lui seul peut assurer à la France le rang qui doit être le sien, selon une conception classique et démographique de la puissance (le nombre d’hommes), mais aussi de l’empêcher de se disloquer. Si peu de temps après l’effondrement de 1940, l’argument a d’autant plus de valeur que de Gaulle a été le chef de la France libre, et qu’il a permis (il le souligne) à la France de figurer parmi les vainqueurs ; il a cependant pour de Gaulle une actualité brûlante. Si la division dans un pays permet aux dictatures de prospérer, comme le soulignait aussi au même moment le président américain Truman, c’est encore plus vrai de la dictature communiste : les références au noyautage témoignent d’une analyse fine de la stratégie soviétique (dite parfois du salami) en Europe de l’Est.
L’État, par quoi de Gaulle entend principalement l’exécutif, est l’instrument et l’organisateur de cette unité, car il est seul porteur de l’intérêt général, contre les intérêts particuliers.
La foule qui acclame et entoure le Général lors du discours apparaît d’ailleurs comme une préfiguration de la France nouvelle dotée d’institutions gaulliennes : de Gaulle prend en effet soin de se mettre en scène entouré de personnalités morales majeures (comme André Malraux), qui deviendront ses fidèles partisans, et de représentants de la France libre (Jacques Chaban-Delmas, le général Koenig).
Ressources complémentaires :
Bibliographie
Serge Berstein, « Le Gaullisme », La Documentation photographique, n° 8050, 2006
Fondation Charles de Gaulle-Université de Bordeaux 3, De Gaulle et le RPF 1947-1955, Paris, Armand Colin, 1998.
Jean Lacouture, De Gaulle, T. 2 Le Politique, Paris, Seuil, 198
Sitographie
Jalons INA : http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu00013/le-referendum-du-13-octobre-1946.html
Freques INA : http://fresques.ina.fr/de-gaulle/fiche-media/Gaulle00318/creation-du-rassemblement-du-peuple-francais.html
http://fresques.ina.fr/de-gaulle/fiche-media/Gaulle00009/allocution-sur-le-rpf.html