… et qui légitime des décisions lourdes de sens.
Présentation
Ce document audio est un court extrait de l’allocution du général de Gaulle le 30 mai 1968. Le discours n’est pas télévisé. Compte tenu de l’horaire de l’intervention du président, 16h30, la radio est un média auquel les Français, en grève ou non, à l’atelier, à la fac, au bureau, en automobile, peuvent avoir davantage accès.
Contextualisation
Face à la violence de manifestations ouvrières et étudiantes de mai 1968, le Général a le sentiment de ne plus maîtriser la situation, de ne plus être obéi. Après s’être rendu secrètement, le 29 mai, à Baden-Baden prendre conseil auprès du général Massu, commandant en chef des Forces françaises en Allemagne, de Gaulle annonce une décision importante aux Français.
Analyse
Le style employé par le Général est direct, incisif, avec un vocabulaire emprunté à la force et à la résolution (« valeur », solidité », « capacité »).
De Gaulle semble anticiper le reproche d’autoritarisme qui découlerait de sa décision. Il l’introduit donc sous les auspices d’une double « légitimité nationale et républicaine ».
D’une part, l’article 12 d’une Constitution largement approuvée par les Français dix ans auparavant. D’autre part, une manifestation de soutien à sa politique, voire à sa personne, une heure après l’allocution, sur les Champs-Elysées.
La veille, le général Massu rasséréna le Général en l’incitant à ne pas renoncer et à passer le pouvoir seulement « à la suite d’une consultation populaire » qui lui aurait été défavorable. Fort de ces considérations, de Gaulle annonce donc la dissolution de l’Assemblée nationale, comme le désire le Premier ministre Georges Pompidou.
Une même décision a déjà été prise en 1962 après que l’Assemblée nationale eut renversé le gouvernement grâce à une motion de censure. Mais le contexte est cette fois-ci différent. En plus de l’affirmation du pouvoir présidentiel sur les députés, la dissolution est proposée en réponse à la crise multiforme de mai 1968 qui avait mis à mal la légitimité du Général. La vague gaulliste (74 % de députés UDR au palais Bourbon) un mois plus tard lui donne raison.
Ressources complémentaires :
Bibliographie
De Gaulle a disparu. Interview d’Edouard Balladur dans l’Express, le 30 avril 2008.
Jean Lacouture, De Gaulle, t. 3 le souverain, Paris, Seuil, 2010, [1986].