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Caricature de Moisan, 3 février 1960

Source : Le Canard enchaĂźnĂ© © Droits rĂ©servĂ©s – TĂ©lĂ©chargement

Présentation

Cette caricature de Roland Moisan est publiĂ©e dans l’hebdomadaire satirique  Le Canard enchaĂźnĂ© le 3 fĂ©vrier 1960. Il s’agit d’une rĂ©fĂ©rence aux manifestations et aux barricades qui ont lieu Ă  Alger depuis le 24 janvier 1960. Le caricaturiste fait dire Ă  Marianne « c’est bien parce que j’ai trouvĂ© que tout ça c’était tout de mĂȘme fort de cafĂ© mon GĂ©nĂ©ral ! »

Contextualisation

AprĂšs avoir publiquement critiquĂ© la politique gouvernementale, le commandant du corps d’armĂ©e d’AlgĂ©rie, le gĂ©nĂ©ral Massu, est renvoyĂ©. Cela cristallise les tensions chez les partisans de l’AlgĂ©rie française. Ainsi Joseph Ortiz, du Front National Français, lance un appel Ă  la grĂšve gĂ©nĂ©rale pour le dimanche 24 janvier 1960. Appel suivit par les militaires, qui se sont sentis trahis, et par les mouvements et associations ultras, extrĂ©mistes. Le 24 janvier, les cortĂšges se forment, la foule piĂ©tine, certains militaires perdent patience, les affrontements dĂ©butent, les barricades s’édifient. Le prĂ©sident de la RĂ©publique intervient, en uniforme de GĂ©nĂ©ral, le 29 janvier pour rĂ©affirmer le principe de l’autodĂ©termination et annoncer sa volontĂ© de rĂ©tablir l’ordre.

Analyse

Dans cette caricature, Moisan met en scĂšne le prĂ©sident de la RĂ©publique, Charles de Gaulle, en tenue de gĂ©nĂ©ral, et son Premier ministre, Michel DebrĂ©. Ces derniers sont retranchĂ©s derriĂšre des barricades. En arriĂšre-plan, le palais de l’ElysĂ©e est devenu le poste de commandement du GĂ©nĂ©ral. Au premier plan, Marianne en lui apportant du cafĂ©, lui apporte tout son soutien. Ce dessin fait rĂ©fĂ©rence aux barricades Ă©difiĂ©es Ă  Alger par des Français rejetant la politique d’autodĂ©termination prĂŽnĂ©e par le chef de l’État depuis septembre 1959. Le dimanche 24 janvier 1960, suite Ă  des nombreux dĂ©filĂ©s et affrontements, les partisans de l’AlgĂ©rie française ont Ă©levĂ© des barricades dans le quartier Agha. Ils sont restĂ©s lĂ  pendant une semaine. Pendant ce temps, le Premier ministre s’est rendu sur place le 26 janvier afin d’apprĂ©cier au mieux la situation et pour Ă©valuer le risque de coup d’État. Le prĂ©sident de la RĂ©publique fait un discours radiodiffusĂ© le 29 janvier. Il le fait en tenue de gĂ©nĂ©ral pour mieux imposer ses dĂ©cisions, pour une rĂ©fĂ©rence au gĂ©nĂ©ral de la Seconde Guerre mondiale et pour une mise en scĂšne mĂ©diatique dont il a l’habitude. Cela, il l’explique au dĂ©but de son discours, puisqu’il dit  « Si j’ai revĂȘtu l’uniforme pour parler aujourd’hui Ă  la tĂ©lĂ©vision, c’est pour marquer que je le fais comme Ă©tant le gĂ©nĂ©ral de Gaulle aussi bien que le chef de l’État ». Il appelle les Français d’AlgĂ©rie Ă  revenir Ă  de meilleures considĂ©rations pour le bien Ă©conomique de la France et de l’AlgĂ©rie. Puisque De Gaulle rĂ©affirme le principe d’autodĂ©termination, Le Canard enchaĂźnĂ©, ne peut pas aller contre cette idĂ©e. Si Ă  de nombreuses reprises, le journal a souvent critiquĂ©, raillĂ© la politique du chef de l’État, en ce dĂ©but fĂ©vrier, il ne peut faire autrement que de le soutenir. Son soutien, il le fait par l’intermĂ©diaire de Marianne. En ce 3 fĂ©vrier 1960, date de publication de cette caricature, les barricades ont Ă©tĂ© levĂ©es, les meneurs arrĂȘtĂ©s. Cependant, avec cet Ă©vĂ©nement, les discussions autour de l’autodĂ©termination, de l’indĂ©pendance, les relations entre communautĂ©s algĂ©riennes et europĂ©ennes se sont dĂ©gradĂ©es.

Ressources complémentaires :

Bibliographie

Laurent Martin, « L’honneur du Canard enchaĂźné », L’histoire n° 292, pp. 48-49.

Chantal Morelle, De Gaulle. La passion de la France, Paris, Armand Colin, 2015.

Pierre, Vallaud, La guerre d’AlgĂ©rie. De la conquĂȘte Ă  l’indĂ©pendance. 1830-1962. TĂ©moin de l’Histoire, Paris, Acropole, 2006.

Sitographie

http://archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2010/06/barricade.pdf http://fresques.ina.fr/de-gaulle/fiche-media/Gaulle00049/discours-du-29-janvier-1960.html