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Carte des partages de la Pologne de 1770 à 1914 par Maurice Fallex (1919)

Source : gallica.bnf.fr / BnF

Présentation

La complexité de la question polonaise et l’évolution de ses frontières nécessitent comme porte d’entrée la présentation aux élèves d’une carte retraçant l’histoire du partage de la région entre les trois grandes puissances de l’Europe centrale du XVIIIe finissant jusqu’à la veille du premier conflit mondial. Si nous ne sommes pas ici dans les bornes chronologiques prévues par le programme de Première, un retour en amont du problème est indispensable pour mieux saisir la longévité des enjeux soulevés. Maurice Fallex (1861-1929) donne à voir ici le grignotage progressif du territoire polonais par le royaume de Prusse, la Russie tsariste et la puissance autrichienne. Cet agrégé d’histoire auteur de nombreux manuels d’enseignement fut associé aux travaux géographiques du traité de Versailles. Derrière l’évolution du tracé des frontières mise en avant se dessine l’histoire de populations ballotées d’une puissance à l’autre au fil du temps, mais gardant malgré tout un fort sentiment d’appartenance à la nation polonaise.

Contextualisation

  • 1772 : premier partage de la Pologne. Mécontente de la politique de modernisation menée par Stanislas II, Catherine II de Russie procède au partage d’une grande partie du territoire polonais avec la Prusse et l’Autriche. La Pologne est alors amputée de 210 000 km2 et perd 4,5 millions d’habitants.

 

  • 1793-1795 : inquiétées par les réformes inspirées par la diffusion des idées révolutionnaires venues de France, les puissances d’Europe centrale interviennent à nouveau chez leur voisin. L’insurrection patriotique de 1794 sonne le glas de la Pologne : en 1795, le troisième partage acte la disparition du pays tandis que Varsovie est accordée à la Prusse, Cracovie à l’Autriche et Vilno et Brest à la Russie.

 

  • Tout au long du 19e siècle : la Pologne subit la domination de puissances étrangères. Si Napoléon donne vie à un grand-duché de Varsovie, ce royaume satellitaire de la France passe au congrès de Vienne en 1815 sous la coupe russe qui en redéfinit à nouveau les frontières, le nom (« Royaume du Congrès») et impose un gouvernement aux ordres du Tsar. Cependant, l’agitation patriotique perdure dans ce royaume sans aucune marge d’autonomie. En 1863, le Tsar Alexandre II lance plus de 300 000 soldats contre l’insurrection en cours. La répression est d’une férocité extrême mais la résistance à la russification et à la germanisation ne disparaît pas.

 

  • Au début du XXe siècle: une agitation patriotique autour de l’élite intellectuelle polonaise perdure, notamment autour d’exilés en France. En 1904, Pilsudski tente un soulèvement à Varsovie en pleine guerre russo-japonaise.

 

  • Première Guerre mondiale : des Polonais sont mobilisés aussi bien du côté des forces de l’Entente au sein de l’armée russe que du côté allemand ou austro-hongrois.

 

Analyse

La carte de Maurice Fallex permet de mettre l’accent sur la situation complexe de plusieurs régions ayant connu dans l’histoire des transferts répétés de souveraineté. Si une lecture et une compréhension exhaustives de la carte ne sont sans doute pas attendues de la part d’élèves de lycée compte-tenu du découpage chronologique du programme, on ne manquera pas de souligner d’entrée de jeu l’ampleur des changements territoriaux survenus au XVIIIe siècle, qui voit la « Grande Pologne » complètement absorbée par ses puissants voisins. Le contraste entre l’extension maximale atteinte en 1772 et le territoire polonais aujourd’hui n’en est que plus saisissant.

Afin de simplifier la lecture, on peut faire le choix d’évoquer, par exemple, le sort de la Galicie. Ce territoire fut incorporé à l’Autriche à la suite du premier partage de 1772. On y voit apparaître les royaumes de Galicie et Lodomérie. Le partage fut évidemment vécu comme un acte arbitraire par la noblesse locale, principalement polonaise. La paysannerie ruthène fut cependant heureuse de voir Joseph II abolir le servage dans les territoires conquis. Cette dichotomie perdura et fut entérinée par la création de la diète de Galicie en 1861 qui permit à la noblesse polonaise d’asseoir sa domination et de faire vivre l’espoir d’un retour à un royaume de Pologne indépendant.

La ville de Dantzig (Gdansk en polonais) est évidemment un choix très utile. On peut rappeler que cette ville fut d’abord liée aux chevaliers teutoniques, avant de choisir au milieu du XVe siècle de prendre pour souverain le roi de Pologne par la voix de son Conseil municipal. Elle devient la capitale de la Prusse occidentale à la suite du deuxième partage de la Pologne. Elle reste un point de discorde majeur entre Allemands et Polonais et provoque, comme on le sait, le début de la Seconde Guerre mondiale en Europe. C’est donc dans un monde où la Pologne n’existe plus en tant que telle, mais où elle reste une question géopolitique majeure du début du XXe siècle, qu’évolue le jeune officier qu’est alors Charles de Gaulle.

Ressources complémentaires :

Sitographie

Collection de cartes historiques de la Bibliothèque Nationale de France, www.gallica.bnf.fr

Bibliographie

Daniel Beauvois, La Pologne des origines à nos jours, Paris, Seuil, 2010.

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