Le général de Gaulle, sous-secrétaire d’Etat à la Défense nationale et à la Guerre dans le gouvernement de Paul Reynaud début juin 1940
De Gaulle entre au gouvernement
6 juin 1940, dans la cour du ministère de la Guerre à Paris
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Présentation
La photographie a été prise l’après-midi du 6 juin 1940, dans la cour du ministère de la Guerre, rue Saint-Dominique à Paris. De gauche à droite, il s’agit de MM. Ludovic-Oscar Frossard (Travaux Publics), Albert Chichery (Commerce), Paul Reynaud (Président du Conseil, ministre de la Défense nationale et de la Guerre et des Affaires étrangères), Jean Prouvost (Information), André Février (sous-secrétaire d’Etat), Yvon Delbos (Education), Georges Pernot (Famille), Charles de Gaulle (sous-secrétaire d’Etat au ministère de la Défense nationale et de la Guerre).
Contextualisation
Le 10 mai 1940, les Allemands lancent leurs offensives à l’Ouest, en Belgique, aux Pays-Bas et en France. Face aux défaites qui s’accumulent et aux nombreux réfugiés qui affluent sur les routes, le gouvernement s’enfonce depuis mars dans la crise. Paul Reynaud, le président du Conseil obtient alors le remplacement de Gamelin par Weygand au poste de chef d’Etat-Major général, et remanie aussi intégralement son cabinet. Il appelle son ami Charles de Gaulle, qu’il connaît depuis les années 1930, au gouvernement le 6 juin 1940, après l’avoir promu général de brigade à titre provisoire le 25 mai. De Gaulle est ainsi nommé sous-secrétaire d’Etat de la Défense nationale et de la Guerre. Cependant, Paul Reynaud doit composer avec le maréchal Pétain qui est nommé Vice-Président du Conseil. Tâche difficile, car la nomination de De Gaulle a déplu fortement au vainqueur de Verdun, avec qui il a un différend depuis la publication, en 1938, de La France et son armée. Le Maréchal avait, en effet, demandé en 1925 au capitaine de Gaulle de lui servir de plume pour un ouvrage consacré à l’histoire militaire de la France. Un contrat d’édition avec Payot avait même été négocié. Or le projet s’enlise et en 1938, de Gaulle décide de reprendre pour lui-même son manuscrit. Après l’avoir retravaillé, il l’édite sous son nom. Bien qu’il ait été averti au préalable de l’entreprise de son ancien assistant, Pétain en avait été passablement irrité et en avait gardé une certaine rancune.
Analyse
Le nouveau gouvernement de Paul Reynaud comprend à la fois des radicaux, des socialistes et des hommes de droite. On est cependant loin de l’Union sacrée d’août 1914. Des divisions apparaissent, notamment à propos du choix de poursuivre ou non la guerre et de la stratégie à adopter. Edouard Daladier a ainsi été évincé du ministère de la Guerre. Les armées allemandes ont déjà envahi tout le Nord et ont franchi la Somme. Les visages sur la photographie sont tous graves, à l’image de la situation. Au fond se dessine la longue silhouette de Charles de Gaulle, se tenant droit et déterminé, les gants blancs à la main. Sa mission comporte deux volets : d’une part, organiser l’armée en collaboration avec Maurice Schuman qui a en charge les réfugiés du Nord ; d’autre part, renforcer la coordination avec Londres pour poursuivre au mieux la guerre. De Gaulle doit aussi étudier la question du repli sur l’empire colonial. « Sans renoncer à combattre sur le sol de l’Europe aussi longtemps que possible, il faut décider et préparer la continuation de la lutte dans l’empire » dit-il à Paul Reynaud. Néanmoins, en ce début de mois de juin, il doit faire face à une montée du défaitisme et de l’influence des partisans de l’armistice.
Ressources complémentaires :
Bibliographie
Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération Nouvelle Histoire contemporaine de la France, Tome 14, Paris, Seuil, 2002.
Jean-Pierre Guichard, Paul Reynaud, un homme d’Etat dans la tourmente, septembre 1939-juin 1940, Paris, L’Harmattan, 2008.
Thibault Tellier, Paul Reynaud, un indépendant en politique 1878-1966, Paris, Fayard, 2005.
Sitographie
L’Ecpad propose un ensemble de photographies de la bataille de France mai-juin 1940 :
http://archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2010/06/bataille.pdf