Le voyage d’Alger en juin 1958
Source : Caricature de Michael Cummings parue dans l’Express en juin 1958 et dans Le Figaro Histoire, « 1958, comment meurt une République ? », Numéro 32, Juin-Juillet 2017
Présentation
De Gaulle, trois jours après son retour au pouvoir, effectue un voyage à Alger le 4 juin 1958. La crise algérienne est en train d’emporter une Quatrième République minée par l’instabilité ministérielle. Le document est une caricature de Michael Cummings parue dans le magazine L’Express. Il représente l’évolution du rapport de forces au début et à la fin de ce voyage.
Analyse
De Gaulle a été investi par l’Assemblée Nationale le 1er juin 1958 et doté des pleins pouvoirs. Un Comité de Salut public s’est constitué depuis le 13 mai 1958 en Algérie dans une double perspective : maintenir l’Algérie française et provoquer le retour du général de Gaulle au pouvoir. Ils ont effectué un acte que l’on peut qualifier de putsch.
Quand il entame son voyage en Algérie, de Gaulle semble « l’obligé » ou le tuteur des membres de ce comité, dont le général Salan, qui ont permis [certes avec d’autres personnalités et à la faveur des événements] son retour au pouvoir. Les hauts gradés tiennent le haut du pavé en arborant le drapeau de leur comité. Ils semblent des géants quand ils accueillent de Gaulle, en bas de la passerelle de son avion, tandis qu’il est représenté sous une forme minuscule. La réalité du pouvoir appartiendrait aux militaires et pas aux politiques. Ils toisent de Gaulle du regard pour lui faire comprendre qu’il doit mettre en œuvre leur politique. Au cours de ce voyage en Algérie, le dernier Président du conseil de la Quatrième République est parvenu à rassembler tous les suffrages à l’aide d’une célèbre expression ambivalente : « Je vous ai compris ».
En quittant le sol de l’Algérie, les militaires sont représentés de manière lilliputienne. Leur drapeau est à terre. De Gaulle ne prend même pas la peine de les regarder, c’est un géant qui les domine. Il est porteur de la réalité du pouvoir et de ses attributs. Force doit rester au pouvoir politique qui représente la seule légitimité dans un régime démocratique.
Ressources complémentaires :
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Georgette Elgey, De Gaulle à Matignon, La République des tourmentes 1954-1959 Tome quatrième, Fayard, 2012.
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Revue Le Figaro Histoire, « 1958, comment meurt une République », numéro 32, Juin-Juillet 2017.
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Article de Jean-Pierre Bédéï, « La Ve République a 60 ans » dans la revue L’éléphant, Numéro 23, Juillet 2018.
Sitographie
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https://www.lumni.fr/video/decolonisations-algerie-la-guerre-sans-nom