Documentaire : Conférence de presse du 23 juillet 1964 (37’02-39’09)

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Présentation

C’est lors de la conférence de presse du 23 juillet 1964 à l’Elysée qu’est présenté l’échec du traité de l’Élysée signé le 22 janvier 1963.  Depuis 1959, le général de Gaulle affectionne particulièrement cet exercice de communication qu’il met en scène et maîtrise totalement. Relayé par la radio et la télévision, ces nouveaux média retransmettent ses paroles dans le monde entier. C’est l’occasion pour de Gaulle d’annoncer les grandes décisions de sa politique avec solennité mais aussi une certaine dose d’humour. Le Général se présente toujours selon le même cérémonial régulier, assis derrière un bureau devant un parterre dense de journalistes internationaux. Tout est truqué, le rôle de la presse est réduit à celui de poser les questions qui sont connues d’avance du général qui peut ainsi préparer les réponses.

Contextualisation

Le traité de l’Elysée est pensé dès les négociations du Plan Fouchet, quand de Gaulle et Adenauer évoquent la possibilité de s’engager dans la coopération politique à deux en cas d’échec de la coopération à Six. Le traité est à nouveau envisagé lors des deux voyages officiels réciproques du chancelier Adenauer et de De Gaulle en 1962 en France puis en Allemagne, symboles de la réconciliation  franco-allemande aux yeux des opinions publiques. C’est une solution de rechange après l’échec du Plan Fouchet, le « plan français de coopération » et le veto français à la candidature britannique au Marché commun du 14 janvier 1963.

Analyse

Le traité de l’Elysée est l’aboutissement de la forte entente entre la France et l’Allemagne. Le couple franco-allemand est valorisé et prend ses distances avec les États-Unis, le Royaume-Uni et  l’Europe communautaire. Le traité bilatéral se veut un acte fondateur. « Transformant profondément les relations entre les deux peuples », affirmant la « solidarité » et consolidant « l’amitié » et la coopération dans  trois  domaines : les Affaires étrangères, la Défense, l’Éducation et la Jeunesse, il scelle la réconciliation entre les deux peuples.  Le texte innove en proposant un « laboratoire politique de l’unité européenne », selon Gérard Bossuat, par des mécanismes de consultations mutuelles dans le domaine des Affaires étrangères et des rencontres régulières entre les ministres. Le traité prévoit une coopération renforcée pour l’enseignement des langues ou les diplômes universitaires. Il propose également un rapprochement en matière de défense et d’armements qui est pour la France un moyen de surveiller le développement militaire de l’Allemagne. La République fédérale est d’ailleurs embarrassée par la question d’une défense commune et du lien à l’OTAN.  Dans ce cadre, Adenauer mène une politique duale en se rapprochant de la France et également des Etats-Unis dont dépend la sécurité de la RFA.

Mais l’arrivée au pouvoir du chancelier Ludwig Erhard en octobre 1963 marque un refroidissement des relations entre les deux pays. Le chancelier désire promouvoir une Europe libérale et fédérale et poursuivre l’intégration européenne dans un cadre plus atlantiste, notamment à travers l’adhésion à la force nucléaire multilatérale (MLF).  Cet épisode n’est d’ailleurs pas mentionné dans la conférence de presse de De Gaulle. C’est ainsi que le Bundestag ratifie le traité le 16 mai 1963 en y ajoutant un préambule soulignant le caractère atlantiste de la politique de la RFA, l’organisation de la défense commune dans le cadre de l’OTAN et le développement de la Communauté européenne comprenant le Royaume-Uni. Les députés allemands réaffirment ainsi leur lien avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Le vote à l’unanimité du préambule va à l’encontre des ambitions gaulliennes d’une Europe indépendante. Le nouveau chancelier ne privilégie plus le rapprochement franco-allemand. Malgré la tenue régulière de rencontres entre les membres des gouvernements respectifs, le traité ne constitue qu’une amorce de coopération et sa valeur est essentiellement symbolique. 

Ressources complémentaires :

Bibliographie

Marie-Thérèse Bitsch, (dir.), Le couple France-Allemagne et les institutions européennes. Une postérité pour le plan Schuman ?, Bruxelles, Bruylant, 2001.

Daniel Colard, Le partenariat franco-all. Du traité de l’Elysée à la République de Berlin, 1963-1999, Paris, Gualino, 1999.

Corinne Defrance et Ulrich Pfeil  (dir.), Le traité de l’Élysée et les relations franco-allemandes 1945-1963-2003, Paris, CNRS éditions, 2005.

Pierre Maillard, De Gaulle et l’Allemagne. Le rêve inachevé, Paris, Plon, 1990.

Benedikt Schoenborn, La mésentente apprivoisée. De Gaulle et les Allemands, 1963-1969, Paris, PUF, 2007.

Sitographie

Site Charles de Gaulle – Paroles publiques : https://fresques.ina.fr/de-gaulle/fiche-media/Gaulle00095/conference-de-presse-du-23-juillet-1964.html

 

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