Accueil > La République gaullienne > Les médias dans la pratique du pouvoir gaulliste > Note du général de Gaulle au sujet du journal télévisé

Le journal télévisé est, en ce moment, un monument de pessimisme enchanté autant que systématique.
Il donne à croire que la France ne connaît absolument rien d’autre que des grèves, des catastrophes, des conflits de toutes sortes.
Dans le même ordre d’idées, le journal télévisé (politique) reproduit les journaux, alors qu’on sait ce que ceux-ci valent à cet égard.
Faut-il que la radio d’État ne serve qu’à exciter et déployer les oppositions, au mépris de la réalité qui est au moins, en grande partie, tout autre chose ?

Titre : Note du général De GAULLE au sujet du journal télévisé – datée du 23 octobre 1961

Source : Charles de Gaulle, Lettres, notes et carnets, tome 9, Paris, Plon, 1986

© Editions Plon, 1986

Présentation

L’information audiovisuelle est, au début des années 1960, contrôlée par le gouvernement via l’organisme publique qu’est la RTF (Radio diffusion et télévision française) créé en 1945 et modifié en 1958. De Gaulle est président de la République, Michel Debré est, quant à lui, son premier ministre et Roger Frey, ministre de l’intérieur et Lunet de la Malène à l’information

Contextualisation

De Gaulle utilise ce média, levier direct du gouvernement contre la presse écrite qu’il considère comme un adversaire. La fin de l’année 1961 est marquée par les effets de la guerre d’Algérie sur le territoire métropolitain et particulièrement le couvre-feu imposé par le préfet de Paris, Maurice Papon.

Analyse

Ce document est une note adressée aux responsables du contrôle des médias, la télévision, chaîne unique dépendante de la RTF. Le Président de la République livre un reproche clair: celui d’un choix d’informations, de mauvaises nouvelles qui donnerait une impression de pessimisme ; le journal télévisé reproduirait ainsi la presse écrite ; implicitement, De Gaulle assigne à la télévision un rôle opposé dans ce domaine. L’agacement vis-à-vis d’une volonté d’autonomie des rédacteurs du journal est perceptible. Le général De Gaulle se fait rédacteur en chef en orientant la ligne éditoriale du journal télévisé. De Gaulle pose la question suivante : l’information est-elle le reflet objectif de la réalité ou une communication biaisée par des enjeux politiques ? Il entend que la télévision d’Etat se fasse objective tout en déniant à une presse d’opposition un rôle d’éclairage. Il concède dans la même phrase que l’information officielle ne peut pas transcrire fidèlement la réalité (« en grande partie »). Il évoque les événements liés aux négociations de la fin de la guerre d’Algérie et la répression de la manifestation du 17 octobre passée sous le coup de la censure.

Ressources complémentaires :

Bibliographie

Jérôme Bourdon, Histoire de la télévision sous de Gaulle, Paris, Anthropos, 1990

Alain Plantey (dir.) De Gaulle et les médias (colloque de 1992), Institut Charles de Gaulle Plon, 1994

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