Retrait du commandement intégré

Source : cvce.eu

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Présentation

Cette caricature de Fritz Behrendt, dessinateur de presse néerlandais d’origine berlinoise, est intitulée « Vingt ans après », en référence au débarquement de Normandie qui eut lieu vingt ans plus tôt. Elle représente le général de Gaulle manifestant, seul, pour le départ des troupes américaines, devant le Mémorial des plages du débarquement de Normandie.

Contextualisation

Depuis la Libération, les forces alliées, c’est-à-dire principalement américaines, disposent de bases sur le sol national, qui deviennent ensuite bases de l’OTAN. Cette présence militaire américaine divise très fortement l’opinion : les communistes par exemple y sont hostiles. Marqué par sa lutte contre les présidents américains qui avaient souhaité placer la France sous gouvernement militaire à la Libération (comme l’Italie), le Général la considère avec méfiance. Elle est à ses yeux un instrument par lequel les Etats-Unis assurent leur hégémonie dans une instance où ils sont par ailleurs surreprésentés.

Depuis son retour au pouvoir, le Général plaidait pour un partage du commandement militaire. Le refus américain était d’autant plus problématique aux yeux du Général que les Etats-Unis s’étaient opposés à la politique française en Algérie.

En 1964, alors que la guerre d’Algérie est terminée (1962) et surtout que la France dispose d’une force nucléaire autonome capable de se projeter au loin, le Général peut cependant sérieusement envisager l’affirmation d’une politique de défense autonome et donc le retrait des bases américaines.

Analyse

Behrendt adopte un point de vue clairement atlantiste, dominant dans les « petits pays » européens, mais aussi dans la presse libérale pour laquelle il travaille le plus souvent. L’angle choisi, celui de l’ingratitude gaullienne, est assez classique : la rangée de tombes et le mémorial américain portant le nom des villes normandes et de la vallée de la Seine libérées, rappellent l’ampleur du sacrifice américain, que de Gaulle semble nier (il ne les regarde même pas). De fait, il est évident que l’auteur récuse la lecture gaullienne de la Libération (« Paris libéré par lui-même »), qu’il ridiculise plus encore en faisant défiler seul un Général aux proportions gigantesques, en habits militaires. Plus généralement, il dénonce la prétention française à mener une politique étrangère autonome, à’époque où le Général multiplie les gestes spectaculaires qui choquent une opinion atlantiste prônant l’alignement sur les Etats-Unis.

Behrendt sait cependant ajouter un peu d’originalité à sa raillerie en donnant à son dessin une coloration très française. Il est en effet ironique de voir de Gaulle brandir une pancarte portant le slogan Yankee go home, typique des manifestations de la fin des années 1940 et des années 1950 contre l’installation de bases américaines, orchestrées par les communistes.

Ressources complémentaires :

 

Bibliographie

Frédéric Bozo, « De Gaulle, l’Amérique et l’Alliance atlantique. Une relecture de la crise de 1966 », Vingtième Siècle, n° 43, Paris, juillet-septembre 1994, pp. 55-58

Frédéric Bozo, De Gaulle, les États-Unis et l’Alliance Atlantique (1958-1969), Plon, Paris, 1996

Revue Espoir, n°146, Mars 2006 numéro consacré à « de Gaulle et l’OTAN ».

Maurice Vaïsse, La Grandeur. Politique étrangère du général de Gaulle, 1958-1969, Paris, Fayard, 1998


Sitographie

Ina : De Gaulle et les Etats-Unis : http://fresques.ina.fr/de-gaulle/parcours/0005/de-gaulle-et-les-etats-unis.html

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