Un entretien du journaliste Michel Droit avec le général de Gaulle
Présentation
Le Général de Gaulle, premier président de la Cinquième République, est candidat à sa succession. Il s’adresse aux Français par l’intermédiaire d’une série d’entretiens télévisés. Cette courte vidéo est un extrait de sa troisième interview.
Contextualisation
Le président sortant, Charles de Gaulle, est mis en ballotage à la suite du premier tour de l’élection présidentielle qui s’est tenue le 5 décembre 1965 avec près de 45% des suffrages exprimés. Alors qu’il avait refusé de faire campagne et d’utiliser son temps de parole avant le premier tour, il descend dans l’arène et accorde des entretiens à la télévision au journaliste Michel Droit.
Analyse
Charles de Gaulle, président de la République sortant, estimait qu’il représentait une sorte de statue du commandeur. Il n’avait pas à plonger dans ce qu’il considérait comme un marigot rempli de « politiciens » sans envergure. Il a laissé ses cinq autres concurrents battre la campagne à la radio et à la télévision. Le score important du candidat de la gauche unie l’a pris par surprise. François Mitterrand a rassemblé près de 32% des suffrages exprimés au premier tour, le mettant en ballotage. Pendant quelques heures, au lendemain du premier tour, le président sortant songe à quitter la vie politique méditant sur ce qu’il estimait être l’ingratitude des Français. Son entourage parvient à le faire changer d’avis notamment son Ministre de l’Information, Alain Peyrefitte. Il décide de repartir au combat et fait enfin campagne à la télévision. Lors de cet extrait datant du 15 décembre 1965, Michel Droit lui présente les deux actes d’accusation de ses adversaires : la pratique d’un « pouvoir personnel » et la restriction des « libertés publiques ».
Charles de Gaulle n’esquive pas les questions et répond clairement. Il tient sa légitimité du peuple français et doit exercer la plénitude de ses pouvoirs. Il rappelle le rôle du parlement qui « fait les lois », les deux gouvernements [de Michel Debré et Georges Pompidou] qui selon la Constitution « détermine[nt] et condui[sent] la politique de la Nation ».
Quant à l’accusation de restriction des libertés publiques, de Gaulle se montre cinglant, parlant de démagogie. Il fait alors une piqûre de rappel à l’opinion publique en évoquant son rôle lors de la Seconde Guerre mondiale. C’est lui qui a restauré « les libertés publiques ». Il jette l’anathème sur les vieux partis politiques qui « avaient capitulé dans les mains de Pétain et des Allemands ». Enfin, lors de son retour au pouvoir en juin 1958, il a « rétabli la liberté de la presse ». Il ne se prive pas de rappeler l’hostilité d’une majorité de la presse écrite à son endroit. Michel Droit acquiesce à ses propos en indiquant qu’un dictateur n’est jamais mis en ballotage.
Il fait preuve d’humour et montre une nouvelle fois ses talents d’orateur.
Ressources complémentaires :
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Jacques Foccart, Tous les soirs avec de Gaulle, Journal de l’Élysée-I 1965-1967, Fayard/Jeune Afrique, 1997.
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Revue TDC, « La Figure de De Gaulle. Un stratège en son siècle », numéro 813, du 1er au 15 avril 2001.
Sitographie