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Contextualisation

Ce rĂ©fĂ©rendum est le dernier des cinq organisĂ©s par de Gaulle sous la Ve RĂ©publique. Ce mode de consultation direct du peuple, inutilisĂ© sous la IIIe et la IVe RĂ©publique, est rĂ©introduit par de Gaulle Ă  la LibĂ©ration puis son usage Ă©largi par la constitution de 1958, mĂȘme s’il reste limitĂ© aux questions institutionnelles. Le 27 avril 1969, soucieux de proposer une loi de modernisation de la vie politique et de rĂ©affirmer sa lĂ©gitimitĂ© politique un an aprĂšs la crise de mai 1968, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle convoque un rĂ©fĂ©rendum sur la limitation des pouvoirs d’un SĂ©nat fusionnĂ© avec le Conseil Ă©conomique et social et sur l’élargissement des compĂ©tences des rĂ©gions. Ces propositions suscitent de vives oppositions.

Analyse

Les rĂ©fĂ©rendums sont l’expression d’une dĂ©mocratie directe dans son sens strict puisqu’elle donne au peuple le pouvoir de lĂ©gifĂ©rer sans intermĂ©diaire. Pour de Gaulle, ils sont aussi un moyen de vĂ©rifier qu’il a toujours le soutien de la population. Enfin ils permettent Ă  la souverainetĂ© populaire de trancher en dernier ressort (voir document 3). ConfrontĂ© Ă  de vives oppositions politiques, de Gaulle conditionne son maintien au pouvoir Ă  la victoire du « oui », en marginalisant l’enjeu officiel de la consultation. Selon sa conception de la dĂ©mocratie, l’adhĂ©sion populaire doit fonder la lĂ©gitimitĂ© de l’exĂ©cutif. Suite Ă  la victoire du « non » qui recueille 52,87% des voix, il annonce par un communiquĂ© sa dĂ©mission. L’emploi du « je », citĂ© Ă  deux reprises dans la Une du journal (« je cesse » et « je m’en vais »), montre que de Gaulle envisageait bien ce rĂ©fĂ©rendum comme un « plĂ©biscite ».  L’immĂ©diatetĂ© de la dĂ©cision (« minuit onze ») le confirme. Cette conception du rĂ©fĂ©rendum a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©e au moment de la guerre d’AlgĂ©rie : pour annoncer le rĂ©fĂ©rendum sur l’autodĂ©termination, de Gaulle dĂ©clare le 6 janvier 1961 : « Françaises, Français, vous le savez, c’est Ă  moi que vous allez rĂ©pondre. […] Je me tourne vers vous par-dessus tous les intermĂ©diaires. En vĂ©ritĂ© – qui ne le sait ? – l’affaire est entre chacune de vous, chacun de vous, et moi-mĂȘme. »

L’étude de ce document est l’occasion de faire rĂ©flĂ©chir les Ă©lĂšves sur ce que sont les dĂ©mocraties directe et reprĂ©sentative, au cƓur de ce thĂšme du programme. D’un strict point de vue constitutionnel, le rĂ©fĂ©rendum est l’instrument de la dĂ©mocratie directe puisqu’il permet Ă  la nation souveraine de lĂ©gifĂ©rer. Or, dans l’histoire rĂ©cente de la Ve RĂ©publique, les Ă©lecteurs l’utilisent souvent comme un moyen de sanctionner ou d’approuver le prĂ©sident. Cette perception pose la question des limites de la dĂ©mocratie reprĂ©sentative avec la personnalisation du pouvoir dans la Ve RĂ©publique.