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Place dans les programmes

Programmes de collĂšge :

  • TroisiĂšme – ThĂšme 3 : « Françaises et Français dans une RĂ©publique repensĂ©e »

(BO spécial n°11 du 26 novembre 2015)

Programme de lycée :

Programmes de PremiÚre : 

  • PremiĂšre GĂ©nĂ©rale – spĂ©cialitĂ© histoire-gĂ©ographie, gĂ©opolitique et sciences politiques – ThĂšme 4 : « S’informer : un regard critique sur les sources et modes de communication », Axe 1 : « Les grandes rĂ©volutions techniques de l’information »

 (BO spécial n°1 du 22 janvier 2019)

Programmes de Terminale :

  • Terminale GĂ©nĂ©rale : la France (1945-1969).
  • Terminale Technologique – ThĂšme 3 : « La France de 1945 Ă  nos jours : une dĂ©mocratie » ; Question obligatoire : « La France depuis 1945 : politique et sociĂ©té ».

(BO spécial n°8 du 25 juillet 2019 et BO spécial n°1 du 6 février 2020)

Objectifs pédagogiques

En 1958 et 1962, la Ve RĂ©publique du gĂ©nĂ©ral de Gaulle instaure des institutions et des pratiques dĂ©mocratiques renouvelĂ©es, qui se stabilisent. La rupture de 1958 et la mise en place du rĂ©gime politique dans lequel nous vivons se font en deux temps, en 1958 et en 1962. Il s’agit de mettre fin Ă  l’instabilitĂ© gouvernementale caractĂ©ristique de la IVe RĂ©publique en asseyant l’autoritĂ© du chef de l’État. La crise algĂ©rienne amĂšne le retour au pouvoir de Charles de Gaulle, qui tente d’unir toutes les forces politiques derriĂšre lui, Ă  l’exception du parti communiste. Cette union ne dure pas ; la dĂ©cision de passer Ă  l’élection au suffrage universel direct du prĂ©sident de la RĂ©publique en 1962 est nĂ©e du constat fait par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle de la renaissance des divisions au lendemain du rĂšglement de la crise algĂ©rienne. Cette rĂ©forme fondamentale, approuvĂ©e par rĂ©fĂ©rendum, est rĂ©alisĂ©e contre la volontĂ© de tous les grands partis, hormis le parti gaulliste. L’élection du GĂ©nĂ©ral en 1965 ne se fait d’ailleurs qu’au second tour, et son dĂ©saveu lors du rĂ©fĂ©rendum de 1969, consĂ©cutif aux Ă©vĂ©nements de 1968, entraĂźne son dĂ©part.

Le gĂ©nĂ©ral De Gaulle, prĂ©sident de 1958 Ă  1969, a eu de nombreux contacts avec les Français  notamment grĂące Ă  ses apparitions rĂ©guliĂšres Ă  la tĂ©lĂ©vision ou aux voyages en province; ce qui a eu un impact important sur l’opinion publique. On a pu mesurer sa popularitĂ© lors des nombreux rĂ©fĂ©rendums que De Gaulle a organisĂ©s. Le fait de vouloir crĂ©er un lien privilĂ©giĂ© avec les Français lui a apportĂ© de nombreuses critiques ou oppositions.

Les connaissances visées :

  • La dĂ©mocratie française Ă©volue et que les institutions changent. La RĂ©publique n’est pas un objet figĂ©. Le programme prĂ©cise que « l’histoire permet ainsi de contextualiser l’étude des institutions rĂ©publicaines, des principes et des pratiques politiques, rĂ©alisĂ©e aussi dans le cadre de l’EMC »
  • La RĂ©publique est toujours confrontĂ©e Ă  de nouveaux dĂ©fis qui nĂ©cessitent des Ă©volutions
  • Les acteurs de ces Ă©volutions sont Ă  la fois des individus (la figure de Charles de Gaulle est ainsi fondamentale dans les deux pĂ©riodes dĂ©cisives d’évolution de la RĂ©publique) et des acteurs collectifs (une partie mobilisĂ©e de la jeunesse en 1968, les mouvements fĂ©ministes par la suite). Le rĂŽle civique de l’enseignement de l’histoire prend tout son sens ici. Les Ă©lĂšves comprennent que chaque citoyen a un rĂŽle Ă  jouer, par son vote et son engagement, pour faire vivre la dĂ©mocratie française et les valeurs rĂ©publicaines.

Compétences :

L’élĂšve aborde les fondements historiques de la dĂ©mocratie et de la RĂ©publique française en classe de 4e. Le programme invite explicitement Ă  traiter ce thĂšme en lien avec l’EMC. En effet « Les principes d’un État dĂ©mocratique et leurs traductions dans les rĂ©gimes politiques dĂ©mocratiques (ex : les institutions de la Ve RĂ©publique) », ainsi que « l’exercice de la citoyennetĂ© dans une dĂ©mocratie (conquĂȘte progressive, droits et devoirs des citoyens, rĂŽle du vote, Ă©volution des droits des femmes dans l’histoire et dans le monde
) » sont des connaissances et capacitĂ©s visĂ©es en EMC au cycle 4.

Compétences visées :

La formation de la personne et du citoyen

  • ConnaĂźtre, comprendre et analyser les principes, les valeurs et les symboles de la RĂ©publique française et des sociĂ©tĂ©s dĂ©mocratiques.
  • ApprĂ©cier la fiabilitĂ© des informations recueillies en croisant diffĂ©rentes sources.

Les reprĂ©sentations du monde et de l’activitĂ© humaine

  • Mobiliser des connaissances pour analyser et comprendre des documents, des textes ou Ɠuvres tĂ©moignant des principales organisations humaines du passĂ© ou du prĂ©sent.
  • Exercer son regard critique sur divers Ɠuvres et documents.
  • Analyser et interprĂ©ter des Ɠuvres et formuler sur elles un jugement personnel argumentĂ©.
  • Utiliser les mĂ©dias et l’information de maniĂšre responsable et raisonnĂ©e.

Introduction

Charles de Gaulle a dĂ©missionnĂ© de son poste de chef de gouvernement en 1946, le rĂ©gime de la IVĂšme RĂ©publique ne lui convenant pas. En effet, cette derniĂšre se caractĂ©rise par l’importance des pouvoirs accordĂ©s au Parlement et aux partis politiques. Il a dĂ» ensuite attendre douze ans pour que les Ă©vĂ©nements en AlgĂ©rie lui en donnent la possibilitĂ©. Il a voulu ainsi crĂ©er un lien personnel et privilĂ©giĂ© avec les Français. Il a eu ainsi recours Ă  plusieurs reprises au rĂ©fĂ©rendum (adoption de la VĂšme RĂ©publique en 1958, autodĂ©termination de l’AlgĂ©rie en 1961, Ă©lection du prĂ©sident au suffrage universel direct en 1962 puis rĂ©forme des rĂ©gions et du SĂ©nat en 1969). Ce qui rĂ©duit le rĂŽle du Parlement contrairement aux deux prĂ©cĂ©dentes rĂ©publiques.

De Gaulle a aussi utilisĂ© les mĂ©dias pour crĂ©er ce lien privilĂ©giĂ© en rentrant ainsi dans l’intimitĂ© des Français. Il fait rĂ©guliĂšrement des allocutions tĂ©lĂ©visĂ©es ou des confĂ©rences de presse Ă  la tĂ©lĂ©vision. De plus en plus de Français possĂšdent une tĂ©lĂ©vision, ils voient et entendent le GĂ©nĂ©ral De Gaulle, alors qu’ils sont en train de dĂźner. Il y a plus de six millions de foyers Ă©quipĂ©s en 1965, ce qui reprĂ©sente un potentiel de 20 millions de tĂ©lĂ©spectateurs. C’est le premier prĂ©sident Ă  profiter de ce nouvel outil mĂ©diatique, la sociĂ©tĂ© de l’image ou de la communication lui a permis de mettre en avant son action ou ses projets politiques. En Ă©tant Ă  leur domicile, les Français sont plus dĂ©tendus et enclins Ă  entendre les idĂ©es du GĂ©nĂ©ral De Gaulle ; un peu comme s’il Ă©tait un convive supplĂ©mentaire qui s ‘adressait directement et personnellement Ă  eux. De plus, aprĂšs quelques dĂ©buts hĂ©sitants, De Gaulle a su trĂšs vite paraĂźtre naturel et Ă©loquent Ă  la tĂ©lĂ©vision. Il a opĂ©rĂ© un vĂ©ritable travail sur la façon d’apparaĂźtre Ă  l’Ă©cran, il a suivi l’exemple des prĂ©sidents amĂ©ricains Eisenhower et Kennedy. Entre ses allocutions, ses confĂ©rences de presse ou la couverture de ses diffĂ©rents dĂ©placements en France et Ă  l’Ă©tranger, on estime Ă  une centaine d’heures le temps d’apparition de De Gaulle Ă  la tĂ©lĂ©vision.

Pour mesurer la popularitĂ© du prĂ©sident, on peut aussi faire appel au sondage ; c’est justement sous la prĂ©sidence de De Gaulle que les sondages commencent Ă  ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme crĂ©dibles. Lors du rĂ©fĂ©rendum de septembre 1962 et de l’Ă©lection prĂ©sidentielle de 1965, les institutions de sondage ont Ă©tĂ© capables de prĂ©voir les rĂ©sultats avec une grande fiabilitĂ©.Comme le montre l’Ă©ditorial du journal La Croix, 14 dĂ©cembre 1965 « en 24 heures (
) un organisme privĂ© a pu donner les rĂ©sultats possibles puis, le soir mĂȘme des Ă©lections (
) ce mĂȘme organisme, spĂ©cialisĂ© dans le calcul Ă©lectronique, annoncer les rĂ©sultats certains, n’ayant Ă  ce moment-lĂ  que connaissance de 2% des rĂ©sultats dĂ©finitifs. »

Sa popularitĂ© s’effrite progressivement, il y a eu dĂ©jĂ  une premiĂšre surprise avec la mise en ballotage de De Gaulle par Mitterrand Ă  l’Ă©lection prĂ©sidentielle de 1965 et une victoire avec un score de 55% au second tour ; ce qui correspondait Ă  sa popularitĂ© (54%) d’aprĂšs les sondages. Les Ă©vĂ©nements de mai 1968 ont montrĂ© Ă©galement que De Gaulle et les Français n’avaient plus les mĂȘmes aspirations. La sociĂ©tĂ© française a connu de profonds changements en lien avec les Trente Glorieuses et le dĂ©veloppement de la sociĂ©tĂ© de consommation. Les Français et en particulier les jeunes attendaient des rĂ©formes, qui leur donneraient davantage de droits et de libertĂ©s. La majoritĂ© est toujours fixĂ©e Ă  21 ans, les jeunes se sentent donc exclus de la vie politique. Il n’y a pas de vĂ©ritable libertĂ© d’information, les chaĂźnes de radio et de tĂ©lĂ©vision sont encore sous le contrĂŽle du MinistĂšre de l’Information via l’ORTF. On reproche aux mĂ©dias d’ĂȘtre le porte-parole du gouvernement et notamment d’avoir cachĂ© Ă  la population la rĂ©alitĂ© des Ă©vĂ©nements qui ont secouĂ© la France en mai 1968. Progressivement des rĂšgles d’Ă©quitĂ© entre les hommes politiques sont mises en place, lors de l’Ă©lection prĂ©sidentielle de 1965 chacun des trois candidats a le droit Ă  deux heures d’antenne Ă  la radio et deux heures Ă  la tĂ©lĂ©vision afin de garantir les mĂȘmes chances Ă  tous de remporter l’Ă©lection.

Une partie de l’opinion publique et de la gauche reprochent Ă  De Gaulle d’exercer un exercice solitaire du pouvoir. Mitterrand utilise l’expression « le Coup d’Etat Permanent » ; selon lui, le prĂ©sident concentre Ă  lui seul trop de pouvoirs et risque de glisser vers une pratique dictatoriale mĂȘme s’il n’est pas un dictateur par essence.

Pour conclure, nous pouvons dire que les mĂ©dias ont Ă©tĂ© un outil important pour De Gaulle. Ils lui ont permis de crĂ©er un lien privilĂ©giĂ© avec les Français et donc d’avoir un impact important sur l’opinion publique. Les mĂ©dias ont permis Ă  De Gaulle un exercice solitaire du pouvoir, ce qui a pu aussi l’empĂȘcher de prendre conscience que les Français avaient  des aspirations et des vĂ©ritables envies de rĂ©forme. Il n’a pas su rĂ©pondre Ă  leurs attentes et notamment Ă  celles de la jeunesse. Cette incomprĂ©hension entre De Gaulle et les Français a donc conduit De Gaulle Ă  dĂ©missionner en 1969.

Problématique

Est-ce que le fait de vouloir créer un lien privilégié avec les Français a conduit De Gaulle à personnaliser de façon excessive la fonction présidentielle ?

Démarche pédagogique

Les documents illustrent le rapport Ă©troit entre la figure du GĂ©nĂ©ral De Gaulle devenu prĂ©sident et l’opinion publique. Les documents 1, 3 et 5 montrent l’utilisation de la tĂ©lĂ©vision comme moyen de forger l’opinion, afin d’influencer des dĂ©cisions et communiquer directement avec les françaises et les français. Le document 2 est une autre forme de communication du pouvoir qui peut ĂȘtre mise en relation avec la gestuelle du prĂ©sident devant la camĂ©ra. Le document 4 souligne l’Ă©mancipation de la sociĂ©tĂ© avec l’utilisation d’un code de communication nouveau et diffĂ©rent.

Le professeur peut proposer une activitĂ© sur l’importance du vote puisque les documents ont un thĂšme commun, le rĂ©fĂ©rendum, l’Ă©lection du prĂ©sident au suffrage universel et l’extension de ce suffrage aux jeunes.

Le travail se fait en salle informatique ou dans la salle de classe avec un accÚs à internet, classe mobile ou tablettes. Le professeur fournit les documents en ligne avec une présentation et le contexte. Les élÚves travaillent par groupe et répondent à deux questions:

  • Quelles techniques de Gaulle utilise-t-il pour convaincre l’Ă©lecteur ?
  • Qui est ce peuple Ă  qui s’adresse de Gaulle ?

Quatre groupes travaillent  chacun sur les quatre documents 1, 2,3 et 5 Les groupes rĂ©pondent Ă  la question Ă  l’oral devant la classe (une phrase par Ă©lĂšve correspondant Ă  une technique)

L’un  travaille sur le document 4 il dĂ©crit l’affiche; puis rĂ©pond Ă  la question suivante : qu’est-ce qui explique la crise de mai 68 ? Il s’agit de faire le lien avec le sous thĂšme du thĂšme 3, Femmes et hommes dans la sociĂ©tĂ© des annĂ©es 1950 aux annĂ©es 1980 (baby-boom, Ă©volution des mƓurs, changements culturels, croissance Ă©conomique et sociĂ©tĂ© de consommation
).

Le professeur donnera des consignes précises: il peut les donner « en vrac », charge alors à chaque groupe de retrouver celles qui correspondent à leur(s) document(s).

Exemple :

document Consignes
1 Comment De Gaulle voit-il le Journal tĂ©lĂ©visĂ©(JT)? Pourquoi ? Quel Ă©vĂ©nement tragique s’est dĂ©roulĂ© en octobre 1961 ?
2 Expliquer les couleurs, le slogan, le signe, le message
3 Souligner le vocabulaire .politique (en lien avec le programme d’EMC)

Relever  les expressions qui montrent les  liens entre le président et les Français

4 Décrire les contrastes montrés par la caricature

Faire une recherche sur internet  à l’aide du chapitre du manuel sur « Femmes et hommes dans la sociĂ©tĂ© des annĂ©es 1950 aux annĂ©es 1980 »  (baby-boom, contre-culture …)

5 Décrire le cadre, la gestuelle, le regard, le ton, les répétitions volontaires.

Ressources complémentaires :

Bibliographie

Serge Bernstein, Pierre Birnbaum, Jean-Pierre Rioux (dir.) De Gaulle et les élites, La Découverte, 2009.

Institut Charles de Gaulle, De Gaulle et les médias, Plon, 1994.

Sitographie

http://fresques.ina.fr/de-gaulle/fresque-http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1958-1970-la-ve-republique/de-gaulle-et-les-medias/documents/note-du-general-de-gaulle-sur-le-jt-23-octobre-1961.php-http://expositions.bnf.fr/mai68/index.htm

Ressources complémentaires

Colloque « De Gaulle et les mĂ©dias » organisĂ© par l’Institut Charles de Gaulle les 19, 20 et 21 novembre 1992.