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Place dans les programmes

Programmes de collÚge : 

TroisiĂšme :

  • ThĂšme 3 : « De Gaulle et le nouveau systĂšme rĂ©publicain (1958-1969) » dans le cadre de l’étude de la prĂ©sidence du gĂ©nĂ©ral de Gaulle qui marque une nouvelle conception de la RĂ©publique et de la dĂ©mocratie. « Françaises et Français dans une RĂ©publique repensĂ©e » ; sous-thĂšme 2 : « La Ve RĂ©publique, de la RĂ©publique gaullienne Ă  l’alternance et la cohabitation ».

(BO spécial n°11 du 26 novembre 2015)

Programmes du lycée : 

Programmes de Terminale :

  • Terminale GĂ©nĂ©rale – ThĂšme 2 : « La multiplication des acteurs internationaux dans un monde bipolaire (de 1945 au dĂ©but des annĂ©es 1970) » ; Chapitre 3 : « La France : une nouvelle place dans le monde ».
  • Terminale Technologique – ThĂšme 3 : « La France de 1945 Ă  nos jours : une dĂ©mocratie » ; Question obligatoire : « La France depuis 1945 : politique et sociĂ©té ».

(BO spécial n°8 du 25 juillet 2019 et BO spécial n°1 du 6 février 2020)

Objectifs pédagogiques

Objectifs :

L’étude doit permettre :
– de prĂ©ciser des repĂšres chronologiques concernant l’évolution de nos institutions, et en particulier l’annĂ©e 1962
– de comprendre les particularitĂ©s de l’élection du prĂ©sident de la RĂ©publique au suffrage universel direct voulue par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle. Plus particuliĂšrement, elle permet de comprendre, par les idĂ©es et l’exemple que lui-mĂȘme a donnĂ©, ce que le GĂ©nĂ©ral entendait par un rapport direct entre le peuple et le PrĂ©sident

Compétences visées :

– analyser et comprendre un document
– construire un raisonnement
– mettre en rĂ©cit des faits et des notions

Introduction

Le dossier est composĂ© de documents de nature variĂ©e, portant sur des sujets en apparence trĂšs diffĂ©rents (Mai 68, la rĂ©forme institutionnelle manquĂ©e de 1969, le contrĂŽle de la tĂ©lĂ©vision par l’Etat
). Quatre sur cinq correspondent Ă  la deuxiĂšme partie des mandats prĂ©sidentiels du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, lorsqu’il fait adopter l’élection du prĂ©sident au suffrage universel direct, instaurant une nouvelle pratique du pouvoir et des relations des Français Ă  l’Etat, dans un contexte dĂ©mocratique renouvelĂ© depuis peu (ce que le document 1, antĂ©rieur aux autres, met en Ă©vidence).
En 1958, en revenant au pouvoir et en faisant adopter la constitution de la VĂš RĂ©publique, le GĂ©nĂ©ral souhaitait placer l’exĂ©cutif au-dessus de la mĂȘlĂ©e ; cela n’impliquait cependant pas nĂ©cessairement que le prĂ©sident de la RĂ©publique fĂ»t choisi directement par les citoyens. Jusqu’en 1962, le prĂ©sident de la RĂ©publique Ă©tait dĂ©signĂ© par un collĂšge de grands Ă©lecteurs, oĂč les parlementaires avaient une place essentielle. La stature du GĂ©nĂ©ral (l’homme de la France libre) lui assurait une prééminence de fait, mais institutionnellement plus discutable et politiquement fragile : le GĂ©nĂ©ral devait composer avec les parlementaires.
En 1962, avec la fin de la guerre d’AlgĂ©rie, qui a rĂ©vĂ©lĂ© l’intervention croissante de l’opinion publique dans la vie politique, et qui a dĂ©barrassĂ© l’Etat d’une question qui avait eu raison du prĂ©cĂ©dent rĂ©gime, de Gaulle peut envisager un nouveau changement institutionnel, qui adapte la Constitution aux nouvelles exigences dĂ©mocratiques : l’élection du prĂ©sident de la RĂ©publique au suffrage universel direct. Cela implique un recentrage des responsabilitĂ©s politique sur la personne du PrĂ©sident, dont de Gaulle assume lui-mĂȘme les consĂ©quences pratiques lorsqu’il Ă©choue Ă  convaincre lors du rĂ©fĂ©rendum de 1969.

Problématique

Comment l’élection du PrĂ©sident au suffrage universel direct, souhaitĂ©e par de Gaulle, modifie-t-elle le rapport entre le prĂ©sident de la RĂ©publique et le peuple dĂšs les mandats du GĂ©nĂ©ral (1958-1969) ?

Démarche pédagogique

Le dossier explore l’adaptation des institutions au contexte dĂ©mocratique nouveau (documents 2 et 3) ouvert par la multiplication des sources et moyens d’information, au premier rang desquels la tĂ©lĂ©vision (document 1). Ces mĂ©dias rendent en effet la relation entre le peuple et les dirigeants plus immĂ©diate, puisqu’ils mettent la politique sous le regard des citoyens, contrairement aux arcana imperii d’antan. Cela modifie le rapport aux pouvoirs d’Etat : la responsabilitĂ© des dĂ©cisions se concentre de fait sur la personne du PrĂ©sident (document 4), qui doit en assumer les consĂ©quences (document 5).

Avant de commencer, le professeur aura soin :
– de sĂ©lectionner dans la vidĂ©o de 8 minutes les passages les plus significatifs (entre le dĂ©but et 4 min 25), pour la rendre plus abordable par les Ă©lĂšves et pouvoir la diffuser en classe ou en salle informatique.
– de ne pas commencer par le document 1, voire d’en aborder l’étude dans un deuxiĂšme temps : facile d’accĂšs, il est en revanche plus difficile pour les Ă©lĂšves d’en saisir la pertinence dans la cohĂ©rence d’ensemble du dossier s’ils n’ont pas prĂ©alablement travaillĂ© sur les autres documents.
Le professeur commence par s’assurer que les Ă©lĂšves savent comment Ă©tait dĂ©signĂ© le prĂ©sident de la RĂ©publique avant 1962, mais aussi quel Ă©tait le centre de gravitĂ© de la vie politique. Il le prĂ©cise si tel n’est pas le cas : les Ă©lĂšves ne peuvent comprendre la rupture de 1962, jugĂ©e majeure aujourd’hui par certains constitutionnalistes mais aussi par une grande partie du personnel politique et de l’opinion de l’époque (voir Le coup d’Etat permanent de François Mitterrand paru en 1964), que par rapport Ă  la situation antĂ©rieure, lorsque le prĂ©sident n’était pas Ă©lu directement et que le centre de gravitĂ© de l’Etat tournait autour du Parlement.
Il peut ensuite aborder les documents préalablement distribués aux élÚves selon trois grands axes/temps :

1er axe : l’élection du PrĂ©sident au suffrage universel direct (documents 2 et 3)

Les Ă©lĂšves doivent d’abord dĂ©crire le document 2, et plus particuliĂšrement relever :
– le choix des couleurs (celle du Drapeau),
– le doigt pointĂ© et la mise en valeur du mot « vous »,
– le style affirmatif de la phrase.
Le professeur interroge les Ă©lĂšves sur le but de cette affiche, en prĂ©cisant bien que le document a Ă©tĂ© Ă©mis lors de la campagne pour le rĂ©fĂ©rendum : celui-ci n’a pas encore eu lieu. La question posĂ©e peut ĂȘtre : « En pensant au « vous » utilisĂ©, Ă  qui s’adresse cette affiche ? ». Les Ă©lĂšves doivent comprendre qu’il s’agit de « nous, les Français »/« nous, les citoyens ».
Le document 3 permet d’approfondir cette idĂ©e. Les Ă©lĂšves doivent prĂ©lever dans le document des phrases ou des mots clefs, c’est-Ă -dire : toute la phrase 1, et les formules « donne une tĂȘte Ă  l’Etat » et « confiance explicite de la nation ».
Le professeur demande aux Ă©lĂšves d’expliquer le rapport entre les deux formules citĂ©es. Ils doivent faire le lien entre le rĂŽle du PrĂ©sident et son Ă©lection par la voie du suffrage universel direct : le PrĂ©sident est investi de grands pouvoirs et de grandes responsabilitĂ©s parce qu’il est choisi directement par le peuple. Le professeur peut alors entrer dans l’explication de la premiĂšre phrase du texte et, si le temps le permet, expliciter la notion de souverainetĂ© populaire (par opposition Ă  la notion de souverainetĂ© nationale).
Une question portant sur les deux documents doit permettre d’en synthĂ©tiser l’apport. Cela peut ĂȘtre par exemple : « En quoi l’élection du prĂ©sident de la RĂ©publique au suffrage universel direct est-elle un approfondissement de la dĂ©mocratie aux yeux du GĂ©nĂ©ral et de ses partisans ? ». Le professeur prĂ©cise que le PrĂ©sident, selon le GĂ©nĂ©ral, doit tenir sa responsabilitĂ© et sa lĂ©gitimitĂ© directement du peuple.

2e axe : un rapport direct entre le Président et le Peuple.

Le document 5 sert de support de base Ă  cet axe. De fait, l’ordre de prĂ©sentation ne suit pas la chronologie, puisque le document 4 est antĂ©rieur, mais ce dernier document, moins riche que le document 5, permet de comprendre le relatif divorce entre (une partie de) l’opinion et de Gaulle Ă  la fin de son deuxiĂšme mandat, et donc la dĂ©cision de 1969.
Avant de voir la vidĂ©o, les Ă©lĂšves prennent connaissance de l’ensemble de consignes suivant (entre parenthĂšses, les rĂ©ponses attendues) :
– dĂ©crivez la mise en scĂšne de l’allocution (musique solennelle, cadrage sur l’ElysĂ©e, posture solennelle du GĂ©nĂ©ral
)
– relevez le vocabulaire grandiloquent employĂ© par de Gaulle (« engager son destin », « destin de la France », « dĂ©sastreuses secousses »)
– rĂ©sumez le prĂ©texte de l’allocution/prĂ©cisez quelles rĂ©formes souhaite de Gaulle (rĂ©forme du SĂ©nat et du CES)
– relevez la procĂ©dure par laquelle de Gaulle souhaite faire adopter cette rĂ©forme (referendum ; au besoin, le professeur explique ce dont il s’agit)
– indiquez ce que de Gaulle fera si la rĂ©forme est rejetĂ©e (il dĂ©missionnera).
Le document 4 permet d’illustrer ce recentrage de la responsabilitĂ© politique sur le PrĂ©sident. Le professeur explique d’abord le contexte des Ă©vĂšnements Ă©tudiants de mai 68. Les Ă©lĂšves doivent alors dĂ©crire la caricature (l’ombre de De Gaule bĂąillonne un jeune) et en expliquer le sens (rĂšgne de la censure, contrĂŽle de l’information et des opinions). Ils doivent ensuite expliquer pourquoi la censure est directement imputĂ©e Ă  de Gaulle (il est alors prĂ©sident de la RĂ©publique ; le professeur prĂ©cise qu’en outre le gouvernement contrĂŽlait alors l’information) ; enfin, il demande ce qu’une telle caricature traduit Ă  propos du rapport entre le PrĂ©sident et l’opinion (un divorce avec de larges fractions de la population, en particulier la « jeunesse », dont le professeur explique la nouveautĂ© comme catĂ©gorie socio-politique).
Le professeur indique alors que de Gaulle a perdu le referendum de 1969 et qu’il a dĂ©missionnĂ© dans la foulĂ©e, puis il incite les Ă©lĂšves Ă  comprendre pourquoi, Ă  la lumiĂšre des apports des documents 4 et 5. Il synthĂ©tise ou recadre les rĂ©ponses : selon de Gaulle, si le prĂ©sident, responsable devant les Français, est dĂ©savouĂ© par eux dans un referendum sur un projet qu’il porte, il perd alors sa lĂ©gitimitĂ©.

3e axe : des institutions adaptées à un contexte nouveau et des citoyens mieux informés

Le professeur met en Ă©vidence le rapport entre le rĂŽle croissant de l’opinion dans l’action politique et le dĂ©veloppement des mĂ©dias de masse. Le document 1 permet d’approfondir cette idĂ©e.
Le professeur demande aux Ă©lĂšves de quel mĂ©dia, assez nouveau en France, le GĂ©nĂ©ral parle (la TV). Il prĂ©cise alors qu’à ce moment-lĂ , la moitiĂ© des foyers français sont dĂ©jĂ  Ă©quipĂ©s d’un tĂ©lĂ©viseur.
Il approfondit ensuite l’analyse par trois questions successives :
– Que reproche de Gaulle au journal tĂ©lĂ©visĂ© ? (diffuser des nouvelles nĂ©gatives et relayer des opinions contraires Ă  celles du gouvernement, et donc aux siennes)
– que suggĂšre-t-il ? (que le gouvernement contrĂŽle l’information tĂ©lĂ©visĂ©e)
– quel lien Ă©tablit-il entre la tĂ©lĂ© et l’opinion ? (la tĂ©lĂ© et les mĂ©dias « font » l’opinion)
Le professeur est amenĂ© Ă  nuancer un constat gaullien souvent partagĂ©, Ă  tort, par les Ă©lĂšves (les mĂ©dias structurent l’opinion), et invite les Ă©lĂšves Ă  mettre l’accent sur le point aveugle du propos gaullien : la diversitĂ© et l’indĂ©pendance des informations rendent les citoyens plus informĂ©s et leur donnent les moyens de rĂ©flĂ©chir aux dĂ©cisions des gouvernants, et mĂȘme de les critiquer.
Il conduit alors les Ă©lĂšves Ă  s’interroger sur le rĂŽle entre information et dĂ©mocratie, par exemple en demandant si dans un monde oĂč l’information est abondante, il est possible aux gouvernants de diriger l’Etat sans rendre compte de leur action publiquement. La rĂ©ponse Ă©tant nĂ©gative, il conclut sur la responsabilitĂ© directe des gouvernants Ă  l’égard de l’opinion publique, que l’élection du prĂ©sident de la RĂ©publique au suffrage universel direct est chargĂ©e traduire institutionnellement.

Le travail est finalisé par des questions de « type bac », dont les réponses peuvent utilement constituer la synthÚse du cours.
Si le temps le permet, le travail peut ĂȘtre prolongĂ© par l’étude d’un document sur la premiĂšre cohabitation dans l’optique de la deuxiĂšme partie de l’épreuve (nombreux documents possibles autour du thĂšme : le prĂ©sident Mitterrand devait-il dĂ©missionner ou non aprĂšs la dĂ©faite aux lĂ©gislatives de 1986 ?)

Ressources complémentaires :

Bibliographie

JérÎme Bourdon, Histoire de la télévision sous de Gaulle, Paris, Anthropos, 1990.
Charles de Gaulle, MĂ©moires d’Espoir, tome 1 Le renouveau, Paris, Plon, 1970.
Fondation Charles de Gaulle, De Gaulle et les médias, Paris, Plon, 1994.
Jean-Louis Missikia, Dominique Wolton, La folle du logis : la télévision dans les sociétés démocratiques, Paris, Gallimard, 1993.