Construire un Etat en exil: De Gaulle et la France Libre de 1940 à la conférence de Yalta
Place dans les programmes
Programmes de collège :
- Troisième – Thème 1 : « L’Europe, un théâtre majeur des guerres totales (1914-1945) » ; partie 4 : « La France défaite et occupée. Régime de Vichy, collaboration, Résistance ».
(BO spécial n°11 du 26 novembre 2015)
Programme de lycée :
Programmes de Première professionnelle:
- Thème 2 – Guerres européennes, guerres mondiales, guerres totales (1914-1945)
(BO spécial n°5 du 11 avril 2019)
Programmes de Terminale :
- Terminale Générale – Thème 1 : « Fragilités des démocraties, totalitarismes et Seconde Guerre mondiale (1929-1945) » ; Chapitre 3 : « La France dans la guerre : le régime de Vichy, l’occupation, la collaboration, la Résistance ».
- Terminale Générale – spécialité histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques – Thème 1 : « De nouveaux espaces de conquête » ; Axe 2 : « Enjeux diplomatiques et coopérations ».
- Terminale Technologique – Thème 1 : « Totalitarismes et Seconde Guerre mondiale » ;
Question obligatoire :
Sujet d’étude A : » La France dans la guerre : le régime de Vichy, l’occupation, la collaboration, la Résistance ».
Sujet d’étude B : « De Gaulle et la France Libre ».
(BO spécial n°8 du 25 juillet 2019)
Objectifs pédagogiques
L’étude vise à consolider les connaissances sur la place de la France dans la Seconde Guerre mondiale et dans les règlements de la paix à l’époque de la conférence de Yalta. Elle envisage aussi la question de la légitimité du général de Gaulle et de son pouvoir, enracinée dans son expérience de la France Libre et de la Résistance. Elle permet une réflexion sur le difficile travail de construction d’un État en exil et sur la division des Français pendant la guerre, dans un contexte d’occupation étrangère et de collaboration mise en œuvre par le régime de Vichy.
Introduction
Cette étude de documents est centrée sur la stratégie mise en œuvre par le général de Gaulle pour reconstruire un État en exil, conçu à la fois comme la seule alternative légitime à Vichy et comme l’instrument de la participation continuée de la France dans la guerre. Elle invite à dépasser le mythe de l’appel du 18 juin 1940 pour appréhender les succès et les revers d’une politique d’« unité » chargé de maintenir « l’espoir » et d’assurer le « salut » de la France, selon les titres adoptés par de Gaulle lui-même dans la trilogie de ses Mémoires de guerre. Cette approche permet également d’envisager l’action mise en œuvre par de Gaulle pour rétablir la France dans le concert des nations, dominé en 1945 par les trois grands vainqueurs de la guerre, l’URSS, le Royaume-Uni et les États-Unis.
Problématique
Comment le général de Gaulle est-il parvenu à construire sa légitimité de chef d’État face aux Alliés et au régime de Vichy, dans un contexte marqué par le traumatisme de la défaite, l’occupation du territoire et l’exil ?
Démarche pédagogique
Il est possible d’organiser cette étude en deux temps. Les documents 1 (La construction d’un embryon d’État), 2 (Brazzaville capitale de la France Libre) et 3 (Fondation du CNR par Jean Moulin) permettent d’envisager les efforts et les difficultés pour (re)construire un État légitime et représentatif de la France en guerre face à Vichy et face aux Alliés. La seconde partie de l’étude, composée des documents 4 (Rencontre de Gaulle-Staline) et 5 (Absence du général de Gaulle à Yalta) envisage alors la stratégie mise en œuvre par de Gaulle pour revenir dans le « concert des nations », avec ses succès et ses échecs. Deux thèmes transversaux peuvent, au choix, être mis en avant : d’une part, l’éclatement géographique de la France Libre et la difficulté de reconstruire un ensemble politique et militaire cohérent à partir du manque d’hommes et d’assise territoriale ; d’autre part, la question de la légitimité personnelle de De Gaulle, indissociable, à chaque étape de l’étude, des décisions prises au nom de la France en général. Cela permet de situer l’importance du personnage dans l’histoire nationale, mais aussi d’analyser, voire de déconstruire les stratégies discursives qu’il met en œuvre dans ce but.
Consignes et modalités de mise en œuvre
Après une courte introduction, qui rappelle la situation de la France en 1940, guidée par des questions aux élèves pour remobiliser les connaissances acquises au cours du thème 2 (Appel du 18 juin 1940, défaite et occupation), l’enseignant peut entamer l’étude du premier ensemble documentaire (1 à 3).
La démarche se déroule en deux temps. Tout d’abord, pour chaque document envisagé dans ce premier point, il est possible d’amener les élèves, réunis en binôme, à souligner à la fois les échecs et les succès de la stratégie mise en œuvre par de Gaulle : un nouveau gouvernement, mais avec des ralliements limités (Doc. 1) ; une assise territoriale, mais coloniale et surtout longtemps « effacée » de la mémoire résistante (Doc.2) ; enfin, le succès de Jean Moulin, mais au prix de son sacrifice (doc.3). De cette façon, les élèves prennent un premier contact avec la question de l’éclatement des territoires de la France Libre.
Dans un second temps, les documents 4 et 5 sont introduits. Les élèves doivent alors identifier toutes les occurrences de l’image du Général par les témoins et les usages du « je » par de Gaulle lui-même, afin de mettre en évidence le travail d’incarnation et de construction de la légitimité du pouvoir de la France Libre à travers sa personne. Il est possible, dans cette perspective, d’insister sur les liens personnels très forts noués avec sa personne, et de réintégrer ainsi Jean Moulin, fidèle jusqu’au martyre. Le document 4, à cet égard, permet d’envisager la question de la mise en scène de la rencontre Staline-de Gaulle, dans l’arrière-plan de la Guerre froide qui se prépare. On pourra également demander aux élèves, par une consigne appropriée, d’identifier les obstacles et les succès rencontrés par de Gaulle dans sa volonté de rétablir la République en France et le « rang » de la France dans le monde de l’après-guerre. Cela doit permettre de remobiliser les acquis du thème 2 sur les origines de la Guerre froide.
Chaque binôme peut enfin compléter un planisphère préparé préalablement par l’enseignant pour identifier chaque espace évoqué par les documents et permettre de prendre la mesure de l’éclatement initial de la France Libre, mais aussi de la marginalisation de l’Europe dans le monde d’après-guerre. Il est possible, lors du premier temps de travail des documents, d’identifier certains des principaux hauts-lieux de la France Libre : la France occupée, Londres, la Manche (à franchir), Brazzaville et le Congo, l’Afrique du Nord, voire des figurés adaptés pour l’envoi d’émissaires clandestins (Moulin), le poste de radio-Brazzaville, ou encore les ressources logistiques et humaines produites par l’empire français ou fournies par les Alliés anglo-saxons. Des rectangles peuvent être répartis autour du planisphère (disposé pour sa part au milieu d’une feuille A3 par exemple) pour permettre aux élèves une prise de notes relative à chaque espace à partir des documents et faciliter ainsi l’extraction d’informations. Avec le second temps de l’étude, le planisphère peut être complété par l’indication des « Trois Grands » et de leurs dirigeants sur la carte, par le placement de la ville de Yalta, voire par l’identification de la zone d’influence soviétique en 1945 et des foyers de conflit du début de la Guerre froide en Europe (l’Allemagne, mais aussi la Pologne avec la question des élections libres et sa soviétisation envisagée dans le doc.5). On peut, dans cette perspective, inciter les élèves à réfléchir à un figuré permettant d’évoquer les relations entre de Gaulle et chacun des « Trois Grands ».
Arrivés au terme de l’étude, les élèves produisent une synthèse en quelques phrases sur la place de la France dans le monde de 1945 et sur les défis auxquels se heurte la nouvelle République.
Ressources complémentaires :
Bibliographie
Jean Lacouture, De Gaulle, tome 1, Le rebelle, 1890-1944, Paris, Seuil, 2010 [1984].
Julie Le Gac, Vaincre sans gloire. Le Corps expéditionnaire française en Italie novembre 1942- juillet 1944, Paris, Les Belles Lettres/ministère de la Défense/DMPA, 2013.
Georges-Henri Soutou, La Guerre froide 1943-1990, Paris, Fayard, 2010 [2001].
Olivier Wieviorka, Histoire de la Résistance 1940-1945, Paris, Perrin, 2014.
Gabella, Regnault, Malatini, Neau-Dufour, De Gaulle, Tome 2, Paris, Editions Glénat, 2020.
Julian Jackson, De Gaulle, Une certaine idée de la France, Seuil, 2018.
Enseigner la Résistance, dir.par Tristan Lecoq et Laurent Douzou, Canopé, 2016 .
Lettre de la Fondation de la Résistance, septembre 2019
Sitographie
Exposition en ligne du musée de la Résistance :